Thursday, October 2, 2008

UN ENFANT DE SALAUD NOMME CALVIN

En 1553, Jean Cauvin dit Calvin pour faire plus chic, Protestant rigoureux et intolérant, règne en maitre et en tyran sur la bonne ville de Genève dont les bourgeois sont devenus les chouchous du pasteur. Luther avait pris le parti des Seigneurs contre les paysans, Calvin lui plus pragmatique et opportuniste, celui des bourgeois. Ils lui en seront éternellement reconnaissants.

Or, voila que se rappelle à son bon souvenir son ancien maitre à la Sorbonne, l'espagnol Michaelis Cervetus (Michel Cervet pour les Français toujours incapables de respecter l'origine ethnique des hommes célèbres) ou encore Michel de Villeneuve, qui publie en France un traité intitulé "Restitutio" et qui le lui adresse. Le Traité contient 30 lettres envoyées par l'auteur à Calvin sur le sujet théologique le plus brûlant de l'histoire du Christianisme, la nature de Dieu, du Fils et du Saint Esprit.

Or Cervetus - qui vit à Vienne en France- est un homme aussi célèbre que Calvin, mais outre ses compétences théologiques, il est aussi un mèdecin réputé, expert en anatomie (il est le premier à avoir révélé le rôle des poumons dans l'oxygénation du sang), un astronome écouté et est surtout un adversaire acharné de l'idée trinitaire ce qui fait de lui un partisan de l'hérétique des premiers temps de la Chrétienté, le trop fameux Arius.

Le problème est que cette correspondance révèle que Calvin n'a jamais été très clair sur la question de la Trinité alors qu'il vient à peine d'être nettoyé de tout soupçon d'arianisme par un tribunal de l'Inquisition. Cette révélation le met hors de lui et il jure de faire la peau de son ex-mentor si jamais il "met les pieds à Genève". Prudent, Cervetus -qui n'a jamais cessé d'être persécuté pour ses idées peu conventionnelles- avait toutefois publié son traité sous le pseudonyme déjà ancien de Michel de Villeneuve.

Ce salaud de Calvin, qui mouille sa culotte de peur à l'idée que le contenu du traité le grille aux yeux de ses protecteurs genevois, vend la mèche au tribunal de l'Inquisition de Vienne et dénonce Villeneuve comme étant nul autre que le sieur Cervetus. Ce dernier est aussitôt arrété mais il parvient à s'évader. En route vers l'Italie du Nord où il escompte trouver plus de tolérance, il commet l'erreur de faire halte à Genève et pire d'y aller à l'église. Reconnu, il est arrêté par les autorités protestantes de la ville et jugé comme hérétique. Au procès où Calvin fut un des plus acharnés accusateurs, Servetus remporta souvent la joute théologique mais les dés étaient pipés contre lui et Calvin demanda qu'il fut décapité. Dans leur grande compassion, les juges genevois décidèrent qu'il serait brûlé. Il mourut courageusement sans renoncer à ses convictions : sa mort et ses idées ébranlèrent bien des Suisses. A Bâle, la contestation atteint même une telle ampleur que Calvin se crut obligé d'y répondre dès 1554 par une justification intitulée "Defensio orthodoxae fidei, contra prodigiosos errores Michaelis Serveti Hispani" où il tentait d'expliquer que la mort de Servetus avait sauvé des milliers d'âmes d'une terrible hérésie.

Calvin mourut honoré de tous et dans son lit le 27 Mai 1564 après avoir donné une forme quasi-définitive à l' Eglise Réformée de France. En 1558, Servetus avait été brûlé en effigie à Vienne. De nos jours, on peut voir une statue de Servetus dans la rue Monton-Duvernet à Paris, à Annemasse (Haute Savoie), Rue Beausejour à Genève, à Madrid, Zaragossa et à Villanueva de Sigena en Espagne. Cela dit, le nom d'un grand théologien, savant précurseur de la science moderne, a disparu de la mémoire collective et celui d'un fils de salaud intolérant, borné et vindicatif est toujours honoré. Quant à la Fédération protestante de France, elle glisse avec pudeur sur ses démêlées avec Servet... Quel monde d'hypocrites et de faux-culs !!!

No comments: