Sunday, October 12, 2008

LA DÉPORTATION DES ACADIENS

Un petit génocide que les Canadiens n'ont pas digéré

A la veille de la Guerre de Sept Ans (1756-1763) entre France et Angleterre pour le controle du Canada, les Anglais complétèrent leur reprise en main de l’Acadie par la saisie des forts de Beauséjour et Gaspéreau. Cete première colonie française en Amérique fut établie dès 1604 sur le sol de ce qui est connu aujourd'hui comme le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Concédé aux Anglais en 1713 par cet imbécile de Louis XIV, l'Acadie avait su convaincre ses vainqueurs de lui concéder un droit spécial lui garantissant la neutralité en cas de conflit avec la France. L’Angleterre consentit à cette restriction au serment d’allégeance qu’elle faisait prêter à ses sujets, pour que le peuple acadien demeure sur place et continue son oeuvre de mise en valeur de ce pays prospère.

Mais depuis ce temps, quarante années avaient passé et l’aggravation du danger de guerre fit craindre aux administrateurs anglais les conséquences d’une telle neutralité. Ils pressèrent les Acadiens par mille moyens de prêter désormais le serment complet, qui les enrôlerait alors aux côtés des treize colonies contre leurs frères Canadiens. Le refus obstiné qu’y opposèrent les Acadiens, allié à la cohésion persistante de ce peuple toujours fièrement catholique, parut aux Anglais, pour le moins, de la résistance passive.

Les chefs de familles acadiens se sentaient forts du droit acquis et ne se reprochaient aucun manquement au serment de fidélité qu’ils avaient prêté. N’attendant pas que les Acadiens soient tentés de les trahir, les Anglais prirent des mesures de sauvegarde. Prévenant le délit, ils ordonnèrent le châtiment.

Le même jour, à la même heure, dans toute l’Acadie, les Acadiens devaient être saisis de force, arrachés à leur terre, à leurs villages et déportés pour toujours. Au début de septembre, ils furent soudainement convoqués dans les églises pour y entendre une importante communication du gouverneur anglais. S’y rendant sans méfiance, ils y apprirent leur arrestation immédiate au titre de prisonniers de guerre, et la confiscation de tous leurs biens. La troupe, jusque-là dissimulée, surgit et s’empara de ces hommes désarmés. Leurs femmes et leurs enfants leur furent conjoints en de lamentables convois de forçats, qui se muèrent jusqu’au lieu de l’embarquement en de lentes processions où les voix de ces chrétiens chantaient et priaient Jésus et Marie.

Quelque 12000 des 15000 Acadiens quittèrent ainsi pour toujours les rivages de leur pays : 3000 pourtant parvinrent à s’échapper dans les forêts. Leurs terres, leurs biens furent aussitôt attribués à des colons anglais.

Au mépris encore de toutes leurs promesses, les Anglais dispersèrent les familles, au moment de les embarquer. Arrachant les femmes à leurs maris, les jetant pêle-mêle avec les enfants dans des navires, poussant les hommes en d’autres. Cette déportation tourna au tragique, car beaucoup d’Acadiens, soigneusement dispersés le long des côtes des treize colonies, périrent de misère, l’hiver venant.

Une partie des déportés seulement atteignirent vivants la Virginie et la Caroline, une autre retournera en Europe et certains atteindront la Louisiane alors espagnole ou ils vont être pourchassés et recevront le nom de Acadjuns qui deviendra cajuns. Les Canadiens d'aujourd'hui mentionnent cette déportation comme le "grand chambardement". Elle est en fait un mini-génocide de plus dans l'histoire de l'humanité. Les Nazis n'ont pas fait pire, seule l'échelle était plus vaste.

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