Thursday, October 9, 2008

LA BIBLE ET LES GRECS

Alors que la Bible n'était encore qu'une maigre concoction de livres épars, Homère avait écrit l'Iliade et les philosophes grecs brillaient de tous leurs feux. Avant d'être judéo-chrétienne, notre civilisation est gréco-romaine et c'est dommage que nous tendions à l'oublier. Car si la morale est bien d'origine judaique, le reste, à savoir la science, la culture et la philosophie, est d'origine grecque.

La morale juive, telle qu'elle résulte des fondements posés par Moise, n'avait pas d'autre but que d'unifier un peuple remuant et querelleur, facilement porté aux excès et à la division. Il n'en reste pas moins qu'elle a posé les bases de notre morale chrétienne et nous lui devons beaucoup. On pourrait discuter la question de savoir si la morale chrétienne est à la hauteur de la morale juive mais ce n'est pas le sujet de ce texte.

Après Homère qui écrit l'Iliade vers 700BC, la tradition philosophique grecque débute vers 600BC avec Thalès de Miletus (624-560 BC). A cette date, les bases de la Bible sont à peine jetées car ce n'est que vers 640 que- sous le règne du roi Josias- les scribes commencent à mettre par écrit les mythes fondateurs des communautés hébraïques.

Thalès est un astronome et un mathématicien porté vers la philosophie, c'est à dire enclin à poser des questions. Il prédira l'éclipse solaire du 28 mai 585 et est resté célèbre pour avoir posé le théoreme de Thalès selon lequel les deux angles de base d'un triangle isocèle sont égaux et avoir posé que le diamètre découpe un cercle en deux parties égales.

Thalès croyait que l'eau est la base de toutes choses et que la terre flottait dans l'eau ce qui n 'est pas totalement inexact et en tout cas montre qu'il a été le premier à vouloir donner une explication rationnelle aux phénomènes inconnus et inexpliqués. Il aurait ainsi déduit la hauteur de la pyramide de Ghisa en calculant la longueur de son ombre. Parmi les philosophes et penseurs grecs, il reste le grand précurseur dont toutes les propositions ne sont pas acceptées mais dont le talent et le génie exploratoire sont vénérés de tous, y compris Platon et Aristote.

Apres Thalès, nous avons Anaximandre (610-545 B.C.). Astronome, philosophe, éleve de Thales, il introduisit la notion d' "apeiron" (l'infini) et formulera une théorie de l'origine et de l'évolution de la vie : la vie est sortie de la mer du fait de l'évaporation de l'élement humide sous l'effet du soleil. Pour lui, la terre était un cylindre suspendu dans le ciel. Ici encore, une approximation pas trop eloignée de la réalite qui participe de la même volonté d'expliquer le monde par une approche rationnelle et scientifique.

Après Anaximandre, nous aurons Anaximène (570-500 B.C.). Elève d' Anaximander, il pense que l'arc-en-ciel est un phénomène naturel et non l'oeuvre d'un dieu quelconque et posera le principe que l'univers est fait d'air. Lui est contemporain Pythagore de Samos (569-500 BC), mathématicien, philosophe, il sera le premier à croire que la terre est une sphère tournant autour d'un feu central. Il lèguera le fameux théorème selon lequel dans un triangle rectangle, le carré de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés.

Nous aurons ensuite Xénophane (570-475 BC), qui nous laissera la spéculation intéressante que la surface de la terre s'est élevée et affaissée dans son histoire, Héraclite (535-475 BC) qui estimera que le feu est la forme primaire du monde réel et que toute chose résulte d'un flux (panta rhei), Parmenidès (520-450 BC) qui croyait que la terre est sphérique et que -comme Lavoisier- rien ne se perd, rien ne se crée. Il faut aussi citer Alcmaeon (circa 450), un docteur qui découvrira les principaux nerfs et leur chemin vers le cerveau dont il dira qu'il est le premier de tous les organes, Anaxagoras (480-430) qui posera l'idée que le soleil est un immense morceau de roc incandescent et que la lune réflète sa lumière. Il pensait par contre que la terre était plate.

Et que dire de Empedoclès (492-440 BC) qui décrète justement que le coeur est le centre du système sanguin et faussement le siège de nos émotions, de Meton (440-??? ) qui développe la théorie selon laquelle -tous les 19 ans- la lune et la terre achèvent un cycle qui les fait se confondre. Il a prédit les éclipses lunaires et ses idées furent à la base des calendriers juif et grec.

N'oublions pas Hippocrate (460-377 BC), père de la mèdecine, Diogène (425 BC) qui fit de l'air le premier de tous les éléments et écrivit plusieurs livres sur la cosmologie, Protagoras (480-420 BC), le père de tous les Sophistes et le premier de tous les philosophes à estimer que les lois doivent être faites pour le peuple et par le peuple. La liste est longue de ces hommes de génie dont les découvertes, les avancées, les hypothèses ont été oubliées parfois pendant plus de 1000 ans pour etre redécouvertes au moment de la Renaissance.

Dans cette optique, la Bible n'est qu'un livre paroissial, une histoire non universelle, nationaliste et totalement étrangère à tout progrès scientifique, philosophique et économique. Il faut parfois remettre les choses à leur place et ne pas oublier que notre société doit davantage aux découvertes et idées des penseurs grecs qu'aux ambitions politiques des leaders et des religieux juifs.

No comments: