Monday, January 14, 2008

LA REVOLTE TAIPING : 20 MILLIONS DE MORTS

De 1851 a 1864, un lettré originaire de l'Ouest de l'Empire, Hong Xiuquan, prêchant une ère nouvelle inspirée d'une idéologie chrétienne, va partir en guerre contre la domination des Mandchous et réussir à étendre son influence et celle de ses suiveurs dans toute la Chine centrale. La répression fera vingt millions de morts. Hong Xiuquan était un visionnaire, né dans une famille Hakka, un immigrant de l'intérieur, avec qui on ne fraye pas. Il a fréquenté la mission protestante du Guangxi. Ayant dû renoncer à une carrière mandarinale pour cause d'échecs aux concours d'admission mais désireux de faire de grandes choses, il cherche à établir un Royaume de Justice et de Paix. La Paix avec une majuscule, c'est, en chinois, Taiping. Un pareil Royaume ne vient que par la volonté et la protection du Ciel. C'est, en chinois, Tianguo. D'où l'appellation du rêve de Hong Xiuquan : le Taiping Tianguo.

A la suite de son second échec au concours du mandarinar (l'ENA chinoise de l'époque), Hong entre en dépression et au cours de sa maladie a des visions. Dieu et Jésus lui apparaissent et le commandent de tuer le dragon, en bref l'autoritarisme de la dynastie régnante, les Mandchous. Il bâtit alors une théorie selon laquelle les riches et les mandarins seront contraints d'abandonner au peuple qui les cultivent les terres dont ils sont, eux, les propriétaires. Tout sera mis en commun : on repartira la pauvreté. Le désintéressement et l'austérité, qui sont une nécessité, se tourneront, en raison de la générosité des pauvres, en enthousiasme révolutionnaire. C'est bien ce que l'on vit et ce que mettront en oeuvre un siècle plus tard Mao et ses lieutenants qui admireront le mouvement. Les zélotes de cette nouvelle branche du Christianisme émancipèrent la femme, interdirent le bandage des pieds et constituèrent un véritable mouvement de libération populaire.

Fanatisées par Hong Xiuquan, les hordes paysannes armées s'emparent du Sud. Elles sont devant Nankin en mars 1853, qu'elles occupent et prennent pour capitale. Remontant vers le Nord et Pekin (Beijing), elles atteignent Tianjin (Tientsin) à trois jours de marche de la capitale du Nord. Le manque d'approvisionnement et le froid sauvent la Cour terrorisée, terrée dans le Palais. Les Taiping faiblissent à leur tour, les provinces s'organisent en autodéfense. Zeng Guofan, général, lettré de grand renom, relève les courages et sauve la dynastie. Surtout Hong se retire de l'administration directe de la révolte et se laisse séduire par les plaisirs charnels que son prestige et son pouvoir lui offrent. En même temps, les Occidentaux, menacés dans leurs vies, leurs biens et leurs intérets, font cause commune avec les Impériaux. Le général Gordon s'illustre à cette occasion. Les Occidentaux petit a petit contrôlent les affaires internes chinoises, comme dans un pays conquis, alors que les Chinois espèrent bien reprendre, peu a peu, les concessions que leur faiblesse leur a fait consentir par le traité de Nankin de 1842.

L'opium entre toujours et en quantité accrue. Les autorités sont impuissantes et la corruption progresse. Les incidents se multiplient. Anglais et Francais, qui crèvent de rage et de peur devant ce mouvement néo-chrétien aussi peu corruptible que celui de St Paul deux mille ans plus tôt, montent une expédition commune : Canton (Guangzhou) , puis Tientsin sont occupés. Ils réussissent là où Hong Xiuquan et ses gens avaient échoué. C'est le sac du Palais d'Eté, le Yuanmingyuan. Palais de style baroque, dessiné par les jésuites, construit sous Kangxi, à ne pas confondre avec le (Nouveau) Palais d'été, élevé non loin, le Wanshoushan. C'en est fini des velléités d'indépendance chinoise : la guerre a ruiné le pays, causé de 20 à 30 millions de morts selon les sources et brisé le pouvoir de la dynastie.

Le traité de Nankin était un échec grave, mais la Convention signée à Pekin (Beijing) sera une catastrophe. La Chine, cette fois, s'ouvrait: onze nouveaux ports étaient ouverts aux commercants d'Europe, aux ambassadeurs ou agents consulaires qui y résideront en permanence et aux missionnaires. Mieux, la Chine créait un ministre des Relations extérieures (Waijiaobu). Il traiterait d'une manière officielle avec les Puissances. L'indépendanche chinoise est morte pour longtemps. Les Chinois ne l'ont pas oublié.

DIEU QUE LA GUERRE N'EST PAS JOLIE

Au printemps 1943, le SS-Scharfuhrer (Sergent) Karl Frenzel eut un coup de chaud lorsqu'un prisonnier juif tenta de se suicider et fut trouvé mourant sur son lit : Frenzel devint hystérique et se mit à crier que les Juifs n'avaient aucun droit sur leur propre vie mais que seuls les Allemands possédaient le droit de vie ou de mort sur les Juifs.

A la suite de quoi, il le fouetta avant de l'achever d'un coup de revolver. Hitler avait convaincu les Allemands que les Juifs n'étaient qu'une vermine sans droits qu'un bon allemand avait le droit et le devoir d'exterminer.

Dans le camp d'extermination de Sobibor, Frenzel avait un pote nommé Erich Bauer, ancien conducteur de tramway, qui avait été embauché par les SA et servit comme chauffeur de poids lourds pour le programme T4 (euthanasie). Il fut surnommé "maitre gazeur" par les prisonniers de Sobibor et fut engagé par Erich Fuchs, spécialiste des opérations de gazage, pour opérer des moteurs utilisés dans ces opérations. Plus de 3000 Juifs ont été exterminés grâce à ses sinistres capacités. Il fut jugé et condamné à la prison à vie en 1950.

Le sort de Frenzel n'est pas connu.